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Questions sur l’association ​

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Pourquoi lutter contre le foie gras en Suisse ? Ce n’est pas déjà interdit ?

Le foie gras n’est pas interdit à la vente, mais est interdit à la production, car le gavage est interdit. Le gavage est interdit en Suisse depuis 1978, avec la mise en application de la LPA (Loi de Protection Animale) et explicitement illicite selon l’OPAn (l’Ordonnance d’application de 2008). Malgré cela, la Suisse importe chaque année près de 300 tonnes de foie gras. Bref, la Suisse fait faire à l’étranger le sale boulot, c’est pour cela que nous luttons ici contre le foie gras.

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Depuis quand l’association existe-t-elle ?

L’association a été créée en janvier 2017. Elle a pour mission de faire interdire les produits du gavage en Suisse. Mais la lutte contre le foie gras n’est pas nouvelle, elle existe au moins depuis une quarantaine d’année. 

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Comment aider l’association ?

La manière la plus simple d’aider l’association est de devenir membre. L’adhésion est à prix libre et elle nous permet d’augmenter notre influence auprès des décideurs. Il est bien entendu très utile aussi de faire des dons à l’association. Nos actions ne peuvent être menées sans argent.

 

Étant indépendante de tout parti et autres groupes d’intérêts, l’association ne touche aucun subside et ne vit que grâce aux dons. Et bien sûr il est possible de devenir bénévole au sein de l’association. Nous sommes toujours en recherche de forces vives pour un engagement ponctuel ou à plus long terme. Le mieux est de prendre contact directement avec nous.

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L’association est-elle implantée en Suisse alémanique ? au Tessin ?

Pour l’instant, l’association s’est surtout développée en Romandie. Mais nous travaillons à nous développer en Suisse alémanique et au Tessin. La problématique du foie gras est différente selon les régions linguistiques, nous devons avoir une approche différenciée selon les régions.

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Qui sont les personnes qui militent contre le foie gras ? Ont-elles un intérêt personnel à le faire ?

À notre connaissance, les militant·e·s contre le foie gras sont avant tout des personnes outrées par la souffrance infligée aux oiseaux. Les militant·e·s ne gagnent rien personnellement dans leur engagement, si ce n’est la satisfaction d’œuvrer pour un monde moins violent. L’association n’a pas encore les moyens d’embaucher des salarié·e·s. Il n’y a donc personne qui gagne sa vie avec cette lutte. Par contre, nos opposant·e·s vivent très clairement du business du foie gras. C’est une chose qu’il faut garder à l’esprit lorsqu’on entend leurs arguments...

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La lutte contre le fois gras, n’est-ce pas un coup des Suisses allemands pour énerver les Romands ?

La différence culturelle entre la Suisse alémanique et la Romandie explique la différence de consommation entre les deux régions linguistiques. Cependant, les militants sont, pour le moment en tous cas, en Romandie, là où ce produit est visible et consommé. Néanmoins, la motion de Martin Haab, déposée à la session parlementaire du printemps 2020 et qui réclame l’interdiction du foie gras, est le fait d’un parlementaire zurichois.

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Pourquoi avoir choisi le nom Stop Gavage Suisse ?

La question s’est posée de s’appeler Stop Foie Gras, car le gavage est déjà interdit en Suisse. Néanmoins, c’est bien la pratique du gavage qui pose problème dans la production de foie gras. C’est pourquoi, afin de mettre le focus sur cette pratique, plutôt que sur le produit et le·la consommateur·rice, nous avons opté pour Stop Gavage Suisse. D’autre part, nous avons de bons liens avec l’association française L214 dont la campagne contre le gavage s’appelle justement Stop Gavage. C’est aussi pour leur faire un clin d’œil que nous avons préféré Stop Gavage Suisse.

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Questions sur le foie gras

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Peut-on faire du foie gras sans gavage ?

Oui. Il existe au moins deux alternatives, à base de foies d’oie :

  • Le foie gras d’Eduardo Sousa, producteur espagnol dont les oies se nourrissent librement, dans son élevage biologique. Il faut noter que cet éleveur a reçu le prix du meilleur foie gras en 2006 au Salon International de l’Alimentation à Paris, devant les foies gras obtenus par gavage.

  • Le foie gras de Gioachino Palestro, un éleveur de la ville de Mortara, dans le nord de l’Italie, est lui aussi obtenu sans gavage, car celui-ci est aussi interdit en Italie. Il laisse ses oies manger librement le maïs et les figues qu’il leur donne. Il met six semaines à engraisser les animaux, contre deux dans l’industrie.

Le prix de ces foies gras non-gavés est jusqu’à dix fois plus élevé que celui du foie gras industriel. D’autre part, Philippe Ligron, célèbre présentateur TV romand et porte-parole de l’alimentarium Nestlé à Vevey, a proposé il y a quelques temps une recette à base de saindoux (graisse de porc) dans son émission What the fork ?. Il semblerait que le résultat n’ait rien à envier au foie gras issu du gavage. Evidemment, il existe aussi des alternatives végétales...

 

Y a-t-il du foie gras bio ?

Le foie gras ne peut jamais être bio, les chartes des produits bio excluant le foie gras [1]. Du coup, les producteurs ne se gênent pas pour utiliser des aliments non-bio voire OGM dans l’alimentation des oiseaux.

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Y a t-il du foie gras halal ?

Bien que cette idée soit surprenante au premier abord, il existe bel et bien du foie gras estampillé halal. La différence réside essentiellement dans le mode d’abattage des canards, qui doivent être égorgés conscients au lieu d’être étourdis comme cela se pratique dans les abattoirs laïques. La France est le premier consommateur de ce produit, et le marché intérieur français est à saturation. En inventant le foie gras halal, la filière accède ainsi à un nouveau groupe de consommateurs. Des pays, comme les Émirats arabes unis et le Qatar importent aussi du foie gras halal. Il faut noter que ce foie gras halal est très contesté dans le milieu musulman car certains croyants estiment qu’il ne suffit pas d’égorger sans étourdissement pour rendre le corps de l’animal halal, il faudrait qu’il ait aussi été élevé selon les principes musulmans, comme une créature de Dieu et non pas comme une machine.

 

Y a-t-il du foie gras casher ?

Le foie gras ne peut pas être casher, du moins celui qui est obtenu par gavage. En effet, le principe de la cacherout est que l’animal soit parfait au moment de son abattage, c’est-à-dire ni malade, ni blessé. Comme ce n’est évidemment pas le cas des oiseaux gavés, le foie gras obtenu par gavage ne peut pas être casher.

 

La production de foie gras est-elle polluante ?

La pollution engendrée par la fabrication d’un produit d’origine animale dépend essentiellement de la quantité de nourriture qu’il aura fallu dépenser pour le fabriquer. Cette quantité de nourriture est fortement corrélée aux surfaces agricoles nécessaires pour la faire pousser, mais aussi à la quantité d’eau et de produits chimiques, notamment les pesticides, utilisée. Les études montrent que le transport est un facteur marginal relativement à cela. Comparé à d’autres productions de volailles, la production de foie gras est plus polluante à cause du surplus de nourriture utilisé en phase de gavage. Mais le champion de la pollution reste tout de même la production de viande de bœuf et de produits laitiers.

 

Le foie gras n’est-il pas un OGM ?

Les canards ne sont pas en eux-mêmes des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), bien qu’ils soient issus de croisements qui sont une forme de manipulation génétique. Cependant, la nourriture des canards, comme celle des animaux d’élevages non-bio en général, est très souvent OGM, tant le blé en phase de pré-gavage que le maïs en phase de gavage. Le choix des OGM est motivé par des considérations de rendement et de coûts.

 

 

Questions sur les alternatives

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Les alternatives au foie gras sont-elles bonnes ? 

Le goût est l’affaire de chacun·e. Et de plus, il peut évoluer avec le temps et être influencé par de nombreux facteurs. En réalité, il dépend plus de notre culture que d’autre chose… Les alternatives végétales sont très souvent soignées, car elles essayent de remplacer un produit consommé lors des repas de fêtes et très médiatisé. Elles ont une base qui peut être très variable selon les recettes (tofu, champignons, levure de bière, etc.). Chaque recette végétale est donc marquée par un goût spécifique dû à cette base. Lors de nos dégustations de faux gras de Gaïa, par exemple, nous avons des avis très variables selon l’a priori de la personne qui goûte. Il y a les amateurs de vrai foie gras qui cherchent à retrouver exactement le goût, et qui jugent sur cette comparaison. Ils sont parfois surpris de manger quelque chose de bien meilleur que ce qu’ils imaginaient, bien que le goût du vrai foie gras ne soit pas là. A contrario, certaines personnes végétariennes ou véganes n’aiment pas l’idée de goûter à quelque chose qui ressemblerait trop à un produit d’origine animale… tandis que d’autres sont ravies de retrouver des saveurs leur rappelant d’anciennes expériences.

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Existe-t-il du foie gras de culture ?

Plusieurs start-ups (par exemple Gourmey ou Peace of Meat) sont en train de travailler sur la fabrication de foie gras de culture, c’est-à-dire fait avec des cellules de foie de canard ou d’oie cultivées en laboratoire. Dans ces processus, aucun animal n’est exploité ou blessé. Les cellules initiales peuvent être prélevées sans aucune douleur (Gourmey utilise par exemple des cellules d’œuf), puis transformées en cellules souches, à partir desquelles on fabrique n’importe quel type de cellule. Ici on en fait des cellules de foie. Les premiers foies gras cellulaires sont annoncés pour 2021.

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Où trouver des alternatives végétales ?

Les alternatives végétales se trouvent assez facilement dans les magasins diététiques. C’est le cas du Faux Gras de Gaïa et du Veg’Gras par exemple. Les autres alternatives végétales peuvent être commandées en ligne, directement auprès des producteurs, ou dans certains commerces.

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Pourquoi manger du faux foie gras ?

Pour différentes raisons, qui seront propres à chacun·e. La plupart du temps, les gens sont contents de ne pas avoir à renoncer à un mets apprécié tout en évitant de faire souffrir inutilement des animaux.

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Autres questions

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Qu’en est-il du risque de grippe aviaire ?

Le risque aviaire est multiple: il y a tout d’abord le risque pour les oiseaux eux-même, qui tombent malades et meurent (épizootie), mais aussi le risque pour les humains, qu’une grippe aviaire ne mute et touche aussi les humains (zoonose). Les deux risques existent. L’Europe a connu deux récents épisodes de grippe aviaire, en 2016 et 2017. On ne peut pas exclure de nouvelles pandémies qui représentent un risque-inhérent aux élevages intensifs. En effet, la forte densité des élevages est un véritable bouillon de culture pour toutes les souches infectieuses. Pour se prémunir de l’émergence d’épizootie, les animaux sont le plus souvents confinés dans des hangars pour limiter les contacts avec des oiseaux sauvages, et traités aux antibiotiques, ce qui a pour effet collatéral d’augmenter l’antibiorésistance générale. Si une épizootie apparaît, c’est le massacre d’élevages entiers qui est pratiqué, ainsi que des mesures de fermeture des frontières. Jamais on ne tente de soigner les oiseaux.

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Que faire si je trouve un canard mal en point ?

Si vous trouvez un canard, c’est certainement parce que celui-ci est blessé. Il faut le mettre dans un carton perforé et le conduire chez un vétérinaire sans attendre. S’il s’agit d’un canard sauvage, par exemple colvert, il faudra le remettre, une fois soigné, près de l’endroit où vous l’avez trouvé, ou dans un endroit pourvu d’un plan d’eau si l’endroit où vous l’avez trouvé ne convient pas car trop dangereux ou autre. Il faudra s’assurer auprès du vétérinaire qu’il est apte à se débrouiller seul avant de le relâcher. Généralement, les vétérinaires sont tenus d’informer les autorités qui indiquent la marche à suivre. S’il est d’une espèce domestique, comme un mulard par exemple, c’est qu’il provient certainement d’une ferme d’élevage. Après l’avoir soigné, il serait dommage de le remettre dans le circuit qui le mènera à l’abattoir. D’autant plus que les fermes d’élevage prévoient un certain pourcentage de pertes… Le mieux est de nous contacter pour qu’on trouve une solution de placement dans un refuge adapté.

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Comment réagir face à quelqu’un qui mange du foie gras ?

Garder son calme. Il·elle se verra obligé·e d’arrêter cette pratique lorsque ce produit sera interdit. Il ne sert en général à rien de parler du gavage à une personne qui s’apprête à en manger. C’est sûrement le moment où il·elle est le moins ouvert·e à remettre en cause ses pratiques. Mieux vaut lui en parler plus tard si l’on pense qu’il y a des chances que la personne se remette en question. Si on vous en propose, refusez poliment et expliquez qu’il est impossible pour vous de consommer ce produit à cause du gavage. Il faut essayer d’éviter l’effet boomerang, c’est-à-dire que la personne renforce son opinion sur le foie gras par réaction à une discussion trop dérangeante.

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Le foie gras est-il bon ou mauvais pour la santé ?

Le foie gras est mauvais pour la santé des canards, c’est une certitude. Il y a une idée qui circule comme quoi le foie gras serait bon pour la santé des humains car les gens du Sud-Ouest de la France ont plutôt une grande longévité. Cette idée vient de l’étude du docteur Serge Renaud en 1992 connue sous le nom du paradoxe français. Cette étude fut remise en cause en 1999 par Malcolm Law et Nicholas Wald. L’étude de Serge Renaud ne traite pas particulièrement du foie gras, mais de tout le régime gascon, dont le vin, l’huile d’olive, les fruits et légumes, le poisson et les volailles en général. L’étude n’établit pas de corrélation sérieuse, à notre connaissance, entre la consommation de foie gras et la longévité. Plus simplement, le foie gras est de la graisse animale presque pure. Si nous ne pouvons pas affirmer qu’il soit toxique, il n’est clairement pas recommandé d’en consommer, ni beaucoup, ni souvent.

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Comment décliner une offre de foie gras en famille ou chez des amis ?

C’est généralement lors des fêtes de fin d’année qu’on peut se trouver à table en famille, dans la situation gênante où du foie gras est sur la table. Il y a plusieurs réponses possibles selon la famille et la position qu’on occupe dans cette famille. Si on a une position dominante (père ou mère de famille, ou si la rencontre a lieu chez vous), autant en profiter et imposer l’exclusion du foie gras de la table. Mais attention à bien expliquer que c’est parce que derrière le foie gras il y a des victimes. Sinon, cela risque de passer pour une lubie, et on passerait à côté d’une occasion d’éveiller un potentiel d’empathie. Pire, on risque d’induire un effet boomerang. Si on a une position égalitaire, ou du moins des soutiens, on peut poser l’alternative suivante : c’est soit moi, soit le foie gras. Mais il faut être prêt à s’exclure de ce groupe. Si on a une position marginale, ou si on est une pièce rapportée ou autre, il faut, selon le cas, essayer d’exposer les raisons de notre refus, sans chercher à culpabiliser qui que ce soit. Avec un peu de chance on trouvera quelque soutien. Si on devient le bouc émissaire de la soirée, il vaut mieux abréger la discussion. Il ne sert à rien de subir, on n’est pas, à ce moment-là, en position de faire évoluer les choses. Si on se sent agressé·e, on risque de ne pas de s’expliquer calmement. Dernière option, on arrive au repas de famille avec un foie gras végétal. Cela permettra de tout de même participer aux festivités et de peut-être partager un nouveau mets avec vos proches. La discussion sur le sujet pourra peut-être être abordée alors plus sereinement.

 

 

Les fausses idées - les idées reçues - les mensonges de la filière

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Les oiseaux gavés souffrent-ils vraiment ?

Oui, le gavage est véritablement douloureux pour les canards (et les oies), et ses conséquences aussi. De plus, les conditions de détention en cage sont elles aussi sources de souffrance. Le rapport de l’EFSA, l’Autorité Alimentaire Européenne de Sécurité (European Food Safety Authority - EFSA) de 1998 indique clairement que les canards souffrent dans les élevages. La filière tente depuis des années de dire que les canards ne souffrent pas du gavage, allant même jusqu’à se payer les services de certains chercheurs de l’INRA (devenue depuis 2019 l’INRAE). L’imposture fut démontée par Antoine Comiti dans son ouvrage L’INRA au secours du foie gras (2006).

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C’est exagéré de parler de torture, non ?

Non. Le fait d’enfoncer deux fois par jour un tube de métal dans l’œsophage d’un canard pour lui injecter en quelques secondes 400 grammes de maïs directement dans le jabot peut tout à fait être assimilé à de la torture. Pendant la phase de gavage, la mortalité est décuplée, et si ce traitement est prolongé au delà de 15 jours, tous les oiseaux meurent. Le gavage provoque la stéatose hépatique, qui est une maladie du foie et qui est l’objectif avoué du gavage. Le foie devient tellement gros qu’il comprime les poumons des oiseaux, provoquant une détresse respiratoire. Si ces descriptions ne suffisent pas à vous convaincre qu’il s’agisse de torture, donnez-vous la peine de visionner quelques vidéos tournées par l’association L214 dans les halles de gavage de la filière française.

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J’ai visité un élevage et je n’ai rien trouvé de choquant. Suis-je passé·e à côté de quelque chose ?

Oui, certainement. Si les canards (ou les oies) étaient en semi-liberté dans un hangar ou sur un terrain, c’est qu’ils étaient en phase de pré-gavage. En soi, la forte concentration d’oiseaux aquatiques sans aucun accès à un plan d’eau devrait déjà être choquante. Mais il est vrai que si on ne les connaît pas très bien, cela peut paraître acceptable. Si les canards étaient enfermés dans des cages, dans un hangar, ils devaient être dans un piteux état, et vous auriez dû être choqué·e par la situation. Si ce n’était pas le cas, c’est que la personne qui vous a fait visiter vous a bien préparé·e à ne voir que le côté technique de son métier de gaveur, en omettant de parler des canards comme d’êtres sensibles, mais seulement comme d’un rouage de la production. Bref, vous étiez préparé·e à les voir uniquement comme des machines… À partir de là plus rien n’est choquant.

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Pourquoi dit-on que les canards sont malades ?

Le gavage a pour but de provoquer une maladie appelée stéatose hépatique. Cette maladie se caractérise par une forte concentration de cellules graisseuses dans le foie. En fin de gavage, la taille du foie est multipliée par dix et les canards souffrent de détresse respiratoire due au fait que le foie comprime leurs poumons. La mortalité en phase de gavage est elle aussi multipliée par dix.

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Et la liberté de choix ?

Cette question est généralement posée par les personnes qui consomment du foie gras et qui estiment que, puisqu’ils sont capables de respecter le choix des personnes qui refusent d’en consommer, celles-ci devraient accepter qu’ils en mangent.

Avec ce raisonnement, ils oublient qu’il y a un troisième individu concerné par ce choix : le canard (ou l’oie). Lui, il n’a pas le choix, il est juste victime du choix du·de la consommateur·rice de foie gras. Lorsqu’il y a une victime, la question ne peut plus être posée en terme de liberté de choix. Dans d’autres situations, intra-humaines par exemple, cela devient flagrant. Un violeur ne peut pas justifier ses actes en termes de liberté de choix qu’il faudrait respecter. C’est une évidence car il y a une victime : la personne abusée. Les intérêts de cette dernière doivent être pris en compte et limitent moralement, de facto, la liberté du violeur.

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L’oiseau gavé est-il vraiment malade vu que c’est réversible ?

La stéatose hépatique, la maladie provoquée par le gavage, est une maladie réversible, c’est vrai. Les canards atteints de stéatose hépatique peuvent guérir si on les soigne. Mais le fait que cette maladie soit soignable n’en fait pas moins une maladie grave. La grippe, la rougeole, certains cancers, etc, sont soignables, mais lorsque vous en souffrez, vous êtes bel et bien malade…

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Les anti-foie gras ne sont-ils pas tous des véganes extrémistes ?

Non. Le gavage est une pratique tellement choquante en elle-même que la plupart des personnes qui en sont témoins, pour peu qu’elles se mettent à la place des canards (ou des oies), trouvent cela révoltant. Il y a de nombreuses personnes qui militent contre le foie gras et qui ne sont pas même végétariennes par ailleurs. Mais il est vrai que la plupart des activistes de la cause animale sont véganes. La lutte spécifique contre le gavage ne fait pas exception. Mais de là à les taxer d’extrémistes… c’est sans doute une question de définition et de point de vue. Nous éviterons les généralisations excessives.

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Qu’est-ce qu’on fait de la dimension traditionnelle du foie gras ?

L’invocation de la tradition est la recherche du statu quo : surtout ne rien changer ! Si on se penche un peu sur cette fameuse tradition du foie gras, on constate qu’elle est surtout là pour défendre les intérêts d’une filière très lucrative. Il est facile de démonter cette soi-disant tradition en faisant un détour temporel par la période cathare du sud de la France, au XIIème et XIIIème siècle, pendant laquelle la plupart des gens étaient végétariens… En Suisse, il n’y a aucune tradition associée au foie gras. D’ailleurs, le sondage mené auprès de la population suisse fin 2018 montre que la tradition n’est qu’un argument mineur des consommateur·rice·s de foie gras.

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Est-ce important vu que je n’en mange qu’une fois par année ?

Oui. La plupart des gens n’en consomment que pour les fêtes de fin d’année. Soit une ou deux fois par an. Cette consommation suffit à faire naître et tuer plus de 80 millions de canards chaque année. Le fait qu’il ne soit consommé qu’une fois par an montre à quel point ce produit n’est pas essentiel. Il serait donc possible de s’en abstenir totalement.

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Qu’est-ce qu’on envisage pour tous les travailleurs de la filière foie gras ?

La question est légitime. Comme nous souhaitons la fin du foie gras, si nous atteignons notre but, les personnes qui vivent de ce produit se retrouveraient privés de leur revenu. Nous ne prétendons pas avoir toutes le solutions, mais nous pouvons tout de même faire des suppositions. Les travailleurs de la filière foie gras sont pour la plupart, des agriculteurs. Ils ont fait le choix de cette filière, mais ils pourraient tout aussi bien s’orienter vers une autre filière agricole. Avec un peu de volonté politique, il serait facile de mettre en place des reconversions et aménager les investissements et les emprunts contractés pour la production de foie gras. Les autres emplois sont ceux liés à la préparation et au conditionnement. Ces emplois pourraient a priori, moyennant certains réaménagements, être conservés pour la préparation et le conditionnement d’autres produits agricoles. Et enfin, il y a les emplois de la distribution. Ceux-ci ne sont pas affectés par une réorientation de la production. Ils ne dépendent pas exclusivement de la vente de foie gras.

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Comment ne pas manger de foie gras pour quelqu’un comme moi qui vient du Sud-Ouest de la France ?

Dans le Sud-Ouest de la France, il y a aussi des activistes qui militent contre le foie gras. La véritable question est plutôt : Comment ne pas me couper de ma famille et de mes amis si j’arrête la consommation de foie gras ? C’est une question délicate et qui n’a pas de réponse unique. Tout dépend de la famille et du cercle d’amis, et de la position que vous avez au sein de ces groupes. Il y a a priori peu de chances que vous les fassiez tou·te·s changer, par contre vous pouvez leur demander de vous respecter dans vos choix et vos opinions. Cela devient plus facile si la société, dans son ensemble, est plus proche de vos opinions, justement. Ainsi, le changement de la loi californienne ou indienne vis-à-vis du foie gras vous donne de la force pour faire accepter votre position au sein de votre famille ou cercle d’amis. Vous avez la même opinion que l’état californien ou indien, ce n’est pas simplement une lubie personnelle.

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[1] RÈGLEMENT (UE) 2018/848 du Parlement Européen et du Conseil relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques du 30 mai 2018 - ANNEXE II-1.4.1. Exigences générales en matière d’alimentation-d) les pratiques d’engraissement respectent toujours les modèles nutritionnels normaux de chaque espèce et le bien-être des animaux à tout stade du processus d’élevage ; le gavage est interdit.

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